Les protagonistes
Cela fait 3 ans que je connais le Provinois.
Derrière ce mot, il y a une région, ou plutôt, un territoire. Aux confins de la Seine-et- Marne, ce bout de campagne de 25 kilomètres de coté environ est presque inconnu, mais 35000 personnes y vivent. J’y suis entrée sans a priori, sans rien savoir d’eux, mais avec une mission, en tant qu’artiste diligentée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles , la communauté de communes du Provinois et Act'arts : proposer un accès à l’art aux habitants qui, malgré la proximité de la capitale, à 80 kilomètres à peine, n’ont pas l’occasion, le luxe, les moyens, l’envie ou l’audace, de rencontrer l’art sous aucune forme dans cet espace un peu délaissé.
J'ai commencé ainsi : j’ai déversé plus d'une tonne d’argile humide dans la salle des fêtes d'un petit village, Longueville. Certains habitants sont venus. Dans l’argile mouillé, trois artistes nues se livraient à une performance et dansaient. Ce fut une première pierre, dans un lieu où l’usine d’argile locale fait vivre. Comme un appel : voici la matière qui occupe vos esprits, voici comment reconnecter avec elle. Ce travail d’ouverture, ce partage du matériau artistique n’était qu'un point de départ. Car derrière le territoire, derrière le terme si laid, si administratif, de population, il y a comme toujours, des personnes, des individus, qui m'apprennent dans l’échange forcément quelque chose sur moi. Grâce à eux, et dans le Provinois, j'ai rencontré un programme de geste artistique en territoire rural , qui sera mon deuxième documentaire de création.
Ce programme sera tout autant leur territoire que le Provinois, ce projet sera un espace qui leur sera dédié. En tant que personnes toutes générations confondus , en tant qu’acteurs de leurs propres vies, et en tant qu’artistes que je vais faire participer à une performance, ils seront « Les protagonistes ».
Dans « Les protagonistes », je veux au contraire que la rencontre avec l'art soit spontanée, simple, directe, inattendue mais fluide. C’est pourquoi le « process » sera tout aussi important que l’objet fini . Traiter le rapport au territoire, c’est aborder le rapport à l’espace, au déplacement, de ses habitants. A la rencontre de leur monde et du mien, j’ai décidé que tout partirait de la marche, activité performative la plus simple qui soit, initiation d'un mouvement évident et accessible à presque tous. Sur notre chemin commun, nous croiserons l’art. Et à la fin de notre trajet, nous aurons créé ensemble.
I have known the Provinois for 3 years.
Behind this word, there is a region, or rather, a territory. On the borders of the Seine-et-Marne region, this bit of countryside of about 25 kilometres on a side is almost unknown, but 35,000 people live there. I went there without any preconceived ideas, without knowing anything about them, but with a mission, as an artist commissioned by the Regional Directorate of Cultural Affairs, the Community of Communes of the Provinois and Act'arts: to propose an access to art to the inhabitants who, in spite of the proximity of the capital, barely 80 kilometres away, don't have the opportunity, the luxury, the means, the desire or the audacity, to meet art in any form in this somewhat neglected space.
This project will be a space dedicated to them. As people of all generations, as actors of their own lives, and as artists that I will involve in a performance, they will be "The Protagonists".
In "The Protagonists", I want the encounter with art to be spontaneous, simple, direct, unexpected but fluid. That is why the "process" will be as important as the finished object. Dealing with the relationship to the territory means approaching the relationship of its inhabitants to space and to moving. When their world and mine meet, I have decided that everything would start with walking, the simplest performative activity, the initiation of an obvious movement accessible to almost everyone. On our common path, we will bump into art. And at the end of our journey, we will have created together.